Programme fédéral de formation d‘intervenants experts d’usages :
permettre aux personnes en situation de handicap
d’être pleinement actrices d’une société plus inclusive
La Fédération Paralysie Cérébrale France a décidé, début 2022, d’initier un ambitieux programme de formation d’intervenants experts d’usages. Ce projet pilote présente un caractère original et expérimental et son format est proche de celui d’une recherche-action. Il s’agit de permettre à des personnes en situation de handicap d’être pleinement actrices d’une société plus inclusive en favorisant la valorisation de leurs expériences de vie (en se concentrant, dans un premier temps, sur les écoles et les centres de formation du travail social). Il est nécessaire, pour cela, de faire « monter en compétences » les participants à ce programme tant sur le fond que la forme et donc de travailler la question des savoirs, des savoir-faire et des savoir-être à mobiliser. L’objectif de la Fédération Paralysie Cérébrale France est que ces personnes puissent passer d’une simple prise de parole à un « témoignage outillé » en leur permettant ainsi de gagner en légitimité. L’originalité de ce programme est double : s’adresser majoritairement à des personnes résidant dans des établissements médico-sociaux médicalisés (peu représentées dans les lieux de formation) et proposer un module de formation sur-mesure créé à partir des besoins et envies repérés et des expériences passées. Ce programme vise enfin à professionnaliser les interventions et à permettre aux futurs intervenants d’en faire une activité rémunérée qui puisse être épanouissante – sans être épuisante – tout en participant à l’amélioration d’un accompagnement digne, humain et émancipateur.
« La conviction de Paralysie Cérébrale France est que le modèle d’accompagnement est en pleine transformation et que la fédération doit être plus que jamais un des acteurs de cette transformation. La valorisation des savoirs issus de l’expérience fait partie des leviers qui contribuent à développer, pour les personnes en situation de handicap, le pouvoir d’agir sur leur propre vie et leur autonomie. » indique Jacky VAGNONI, président de Paralysie Cérébrale France.
« Sur la base des propositions initiales formulées par Julia BOIVIN, consultante et formatrice, la Fédération Paralysie Cérébrale France a décidé, début 2022, d’initier un ambitieux programme fédéral de formation d’intervenants experts d’usages destiné à permettre à des personnes en situation de handicap d’être pleinement actrices d’une société plus inclusives en favorisant la valorisation de leurs expériences de vie et en se concentrant, dans un premier temps, sur les écoles et les centres de formation du travail social. Il s’agit ainsi, à travers ce programme, d’accompagner la montée en compétences des participants sur la manière de transmettre leurs expériences de vie aux futurs professionnels des métiers du soin et de l’accompagnement. Paralysie Cérébrale France a confié le pilotage de ce projet à GEFCA. » ajoute Jacky VAGNONI, président de Paralysie Cérébrale France.
Un projet pilote original et expérimental
Ce projet pilote présente un caractère original et expérimental tant par son format que par le profil des personnes identifiées et participantes. Ce programme se rapproche d’une recherche-action. Son déploiement sur trois ans permet de repérer, sur le terrain, les possibles leviers d’actions ou freins à ce type d’intervention et d’ajuster en fonction le pilotage du projet.
« Ce projet s’adresse majoritairement aux personnes en situation de handicap accompagnées par des établissements médicalisés. Ces personnes sont au contact des professionnels du travail social et ont l’expérience de cet accompagnement du quotidien. Celles-ci sont pour autant peu invitées dans les lieux de formation ou alors réduites à des témoignages souvent un peu « pathos ». L’objectif de ce programme est donc de faire grandir en elles le sentiment de légitimité afin qu’elles délivrent les messages qu’elles tiennent à faire passer et qu’elles soient convaincues de leur plus-value dans ces cursus de formation. Il s’agit de passer du simple témoignage à un témoignage outillé. » indique Julia BOIVIN, cheffe de projet.
« S’adresser à des personnes vivant majoritairement en Foyer d’Accueil Médicalisé (FAM) et en Maison d’Accueil Spécialisée (MAS) suppose de s’adapter dans le rythme et dans les outils afin que celles-ci puissent pleinement s’en saisir. Ce programme s’est donc mis à leur écoute le plus possible à travers des outils évolutifs et adaptés, tout en maintenant une exigence forte sur leur implication et leur participation. » ajoute Julia BOIVIN.
Le module de formation dispensé a donc été entièrement construit à partir des retours d’expériences locales d’interventions déjà menées et de besoins repérés par les personnes elles-mêmes pour se sentir plus à l’aise dans cet exercice. La coordination nationale du programme s’est en effet appuyée sur les forces vives présentes en régions et le lien a été assuré par un binôme personne accompagnée / professionnel chargé d’animer un groupe de travail localement dans leur association.
Un projet sur trois ans avec une objectif de création, à moyen terme, d’un réseau national d’intervenants experts d’usages
Ce programme vise à former, au terme du dernier trimestre 2023, 24 personnes en situation de handicap.
« Après deux années pilote qui ont eu vocation à stabiliser la formation et à déboucher sur l’officialisation d’une première promotion le jeudi 30 novembre prochain, Paralysie Cérébrale France se projette, avec ses partenaires GEFCA, l’AGEFIPH, la Mutuelle Intégrance et l’Agence Régional de Santé Ile-de-France, à travers un programme triennal qui permettra de tirer, sur le moyen terme, des enseignements tant qualitatifs que quantitatifs, de cette expérimentation. L’objectif est de créer à moyen et long terme une académie d’intervenants experts d’usages au sein de Paralysie Cérébrale France à l’image d’une communauté de pratiques. » précise Jacky VAGNONI.
« Les personnes concernées ont la volonté de participer au changement de regard des professionnels et par la même à la transformation des modèles d’accompagnement. Celles-ci ont également le souhait de renforcer la connaissance de la paralysie cérébrale et de ses spécificités. » indique Ali AHNOUCHE, futur intervenant expert d’usages et co-animateur du groupe local en Auvergne-Rhône-Alpes.
« J’ai l’ambition de développer mes compétences et de professionnaliser mon témoignage pour participer concrètement à l’amélioration des pratiques des professionnels. A domicile comme en établissements, les personnes en situation de handicap sont confrontées à bien des difficultés tant qualitatives (formation) que quantitatives (manque de professionnels). J’ai un rôle à jouer, comme les autres participants, dans le ré-enchantement de ces métiers afin de les rendre plus humains et plus proches des attentes des personnes accompagnées. Je me heurte toutefois à une difficulté récurrente avec la non-compatibilité entre la perception de l’Allocation Adulte Handicapé et des rémunérations additionnelles, fruit de mon investissement et de mon travail. » indique Pierre DELEEST, futur intervenant expert d’usages.
Une dimension d’intégration sociale et professionnelle
Ce programme « professionnalisant » mettra également en débat, à travers une étude juridique globale, la question de la compatibilité entre le statut des personnes en situation de handicap accompagnées le plus souvent par des établissements et des services médico-sociaux – percevant au titre de leur handicap des allocations et prestations – et l’engagement d’une activité d’intervenant rémunérée à temps partiel.
« Ces futurs intervenants experts d’usages se sont engagés dans un cursus de formation créateur de valeur pour tous les acteurs de la société. Il est donc normal que ces interventions fassent l’objet d’une juste rémunération intégrant les temps de préparation et d’intervention et les coûts associés. Or, à cette heure, le statut actuel n’offre aucune souplesse sauf à venir directement impacter les droits de la personne et notamment la perception de l’Allocation Adulte Handicapé. L’étude juridique aura vocation à faire des propositions concrètes aux pouvoirs publics pour faciliter l’exercice d’une telle activité sociale et professionnelle. » conclut Jacky VAGNONI.