Crise de l’accompagnement des personnes handicapées :
les tensions RH s’intensifient suite au « Ségur de la santé »
L’heure est grave ! Paralysie Cérébrale France alerte, depuis plus d’un an, les pouvoirs publics (Etat et départements) sur la situation catastrophique des Etablissements et Services Médico-Sociaux (ESMS) dans de très nombreux territoires.
L’Etat a créé, avec le « Ségur de la Santé » puis le « Ségur 2 », une grave situation d’inégalité entre le secteur hospitalier public et le secteur médico-social privé à but non lucratif, qui met aujourd’hui à mal nos établissements et nos services.
Alors que l’Etat a annoncé, de son côté, des revalorisations à minima pour certaines professions – qui ne règlent pas le problème pour notre secteur et renforcent le sentiment d’injustice entre salariés, les conseils départementaux restent, depuis plusieurs mois, silencieux face à une catastrophe annoncée.
Si les rémunérations du secteur public ont été revalorisées – et nous ne pouvons que nous en féliciter, cela n’a pas été le cas dans le secteur médico-social privé à but non lucratif, alors même que les professionnels de notre secteur ont été autant impactés et sollicités pendant la crise Covid.
Le secteur médico-social n’est clairement plus attractif, en raison notamment des rémunérations trop basses, et nous assistons dorénavant à une véritable hémorragie de nos ressources et de nos compétences.
De très nombreux salariés ont démissionné pour travailler dans les EHPAD et les hôpitaux publics. Ceux-ci offrent dorénavant de meilleures conditions de salaires (de l’ordre de 600 à 1 000 euros de plus pour les infirmières par exemple).
C’est une situation d’autant plus injuste que les salaires dans notre secteur n’ont pas été revalorisés depuis de nombreuses années.
Cette situation dramatique de postes vacants impacte lourdement la qualité de l’accompagnement des résidents, créant des conditions de vie très problématiques pour les personnes accompagnées. Cela est d’autant plus vrai que, compte tenu du handicap que nous accompagnons, nous mettons en œuvre un grand nombre de structures médicalisées de type FAM ou MAS.
De nombreux établissements ont dû mettre en place des fonctionnements dégradés qui pèsent lourdement sur les familles : fermeture des places d’accueil temporaire, restriction des accueils de jour, sollicitation des familles pour reprendre leur enfant les week-ends, absence d’IDE la nuit… Certains établissements « fonctionnent » avec près de 30% de l’effectif vacant dans des conditions inacceptables pour les usagers et les familles. Nos professionnels s’épuisent renforçant l’absentéisme et créant un cercle vicieux en termes d’effectifs mobilisables sur le terrain.
Le secteur de l’intérim ne trouve plus de candidat et nos établissements, le plus souvent médicalisés, ne permettent aucun redéploiement RH en interne pour pallier les insuffisances d’effectifs.
Nous faisons même face à des menaces de démissions collectives en raison du surcroît de travail et des opportunités qui s’ouvrent dans les secteurs indiqués.
Nos associations de familles se sont créées pour offrir aux personnes en situation de handicap et à leurs proches des réponses durables leur permettant une vie la plus épanouie possible. Force est de constater que les conditions actuelles ne permettent plus à nos associations de tenir cet engagement.
Nous demandons donc solennellement aux pouvoirs publics de nous donner les moyens de proposer des rémunérations justes et attractives à nos collaborateurs et aux professionnels qui souhaitent nous rejoindre.
La crise sanitaire est devenue une crise de l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Nous ne pouvons l’accepter plus longtemps. Nous ne pouvons plus accepter d’entendre des discours où chacun se renvoie la balle dans un enchevêtrement de compétences dont nous voyons bien qu’elles ont atteint leurs limites.
Une action de mobilisation portée par l’ensemble des associations du secteur social et médico-social est prévue le mercredi 6 octobre prochain.